CAPITOLO V: Sur la scène comme au ciel1

 

 

 

 

 

 

 

 

Il libro delle origini

 

Jean Rouaud ha scritto a proposito dell’imminente uscita, il 17 Ottobre, del suo quinto libro:

 

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Une supposition, que, par-delà la mort, elle [la mère] donne son avis sur ce livre qui lui a été consacré et en profite pour rétablir certaines vérités qui, selon elle, seraient bonnes à dire. Ce dont on est sûr, c'est qu'elle commencerait par dire ceci : mais qu’est-ce qu’il raconte? avant d’assener le coup de grâce : et puis, qu’est-ce qu’il en sait? Il étant le narrateur desdits romans sur sa famille et par la même occasion son fils (L.P., 22 Giugno).

 

L’incipit del libro evidenzia la ferma convinzione di Jean Rouaud «  de donner la parole aux disparus, et en particulière à sa mère » :

 

Une supposition, pas plus extravagante qu'une autre, pour ce qu'on en sait, ou une hypothèse d'école, si vous préférez, mais qu'en dépit de l'incipit elle l'ait lu ce livre qui parle d'elle, lequel, de fait, je n'aurais jamais pu écrire de son vivant, et d'ailleurs je n'y avais même pas songé parce qu'elle était programmée, cette femme, petite et menue, telle que nous l'avons connue, pour faire une centenaire, sa mère morte à quatre-vingt-quinze2 ans et sa grand-mère de même, de sorte qu'avec un petit coup de pouce de la médecine, l'espérance de vie nous ayant fait gagner cinq ans en deux décennies, c'était jouable : quatre-vingt-quinze ans offerts par le fond génétique familial, plus cinq ans par la science, le compte est bon, voilà notre maman centenaire, et moi du coup, cent moins trente égale soixante-dix, ce qui devient une autre histoire, car rien ne me dit que d'ici là l'envie d'écrire encore, à soixante-dix ans peut-être le désir d'autres choses, pas forcément de parcourir le monde après toutes ces heures passées à guetter l'apparition des phrases au fond d'un écran, car on ne se refait pas, on ne bouleverse pas facilement ses habitudes, le camping sauvage, le beurre de yak, il vaut mieux avoir commencé tôt, mais envie de silence par exemple, car tout ce tintamarre de l’écriture, comme les craquements de la banquise jamais en repos, pas du tout cette mer gelée qu’on imagine, envie de grand calme en somme(S.C.C. pagg. 11-12).

 

Ecco riapparire l’eroina di Pour vos cadeaux, che per tutta la prima parte e la seconda parte, interviene commentando il romanzo scritto su di lei.

Jean Rouaud cita come esempio del discorso di Marie-Annick , il seguente passo:

 

Mais qu'est-ce qu'il raconte ? Où veut-il en venir ? Et que vient faire ici Jeanne Calment ? Comme si je l'avais jamais enviée, quand loin de moi cette idée, même si à soixante-quatorze ans moins dix jours, j'étais en droit d'espérer mieux. A cet âge, je me situe largement en dessous de la moyenne féminine nationale, de son espérance de vie, ce qui aux Etats-Unis me permettrait d'intenter un procès, d'exiger des millions de dollars pour chaque année manquante, mais ce n'est pas mon genre, d'ailleurs mourir m'aura au moins épargné ça, ce tableau, et quel tableau, au point que sur la fin, en dehors de mes enfants, j'avais interdit qu'on me rende visite3. Aucune envie d'offrir ce spectacle de poulet déplumé que l'on passe à la flamme pour éliminer les quelques poils résiduels (S.C.C. pag.14).

 

Se la prima e la seconda parte narrano la confessione della madre sulla propria vita, nella terza parte la figura rievocata è quella del padre e della giovinezza; in quest’ultima parte non è il padre a parlare, ma sono introdotti i punti di vista dei conoscenti, degli amici e della moglie.

Nella quarta parte Marie-Annick riprende la parola e descrive i momenti e le sensazioni provate, prima della sua morte.

Nell’ultima parte Rouaud immagina l’incontro in cielo fra il padre e la madre:

 

"(..)peu à peu ils retrouvaient le même âge avec un visage lisse et radieux débarassé des stigmates du vivant et des altérations du temps, maintenant que leur doux ménage semblait reparti comme en quarante, c’est-à-dire aux beaux jours de la rencontre, avec entre eux ce bébé éternel5 comme la preuve toute chaude de leur amour(..)(S.C.C. pag. 184).

 

2. Il testo : un puzzle da ricomporre

 

Come ha scritto Rouaud :

Sur la scène comme au ciel clôt une suite romanesque qui commence par Les champs d'’honneur (sur la figure du grand-père), se poursuit par Des hommes illustres (sur la figure du père), Le Monde à peu près (sur le deuil du père), Pour vos cadeaux (sur la figure de la mère), l’ensemble composant une sorte de livre des origines"(L.P. 22 giugno).

 

In questo ultimo romanzo, inoltre :

Ce qui était déjà suggéré dans Pour vos cadeaux, le mécanisme romanesque qui structure l’ensemble, devient le sujet même de Sur la scène comme au ciel, où tous les acteurs du drame trouvent un droit de réponse, même si ce simulacre de «démocratie littéraire» n'est là que pour affirmer la présence, enfin, du je du narrateur-auteur (L.P., 6 Maggio).

 

In Sur la scène comme au ciel ricompaiono temi ed episodi narrati nei primi quattro romanzi al lettore : certe immagini e reminescenze del passato continuano a vivere nella memoria di Rouaud.

 

La narration des mêmes faits ne veut dire que mon écriture soit répétitive, mais que les ombres de mon passé sont encore partiellement en moi (I.P.).

 

Alla descrizione che la madre fa della propria vita, si aggiunge, nella terza parte, un nuovo rimando al passato di diserzione del padre : raddoppi, che evidenziano come la pentalogia è per Rouaud " un unique texte, c’est-à-dire une univers à récomposer"(I.P.).

Il narratore, per la prima volta, non si limita a scrivere la storia di famiglia, ma riflette sulla genesi della diegesi, evidenziando i problemi tecnici della narrazione romanzesca:

 

Vous organisez le tout autour de quelques images: celles du bombardement de Nantes, sous lequel elle [Anne] ne dut d’avoir la vie sauve qu’à son cousin Pierre4, et non comme précédemment annoncé, celles de ce lendemain de Noêl où meurt brutalement son mari et qu’elle tambourine contre la cloison pour appeler à l’aide son cousin Emile5, celles encore de son retour d’une veillée funèbre où elle se tenait les côtes de rire parce qu’elle avait cru voir Oliver Hardy6 à la place du défunt, un ancien secrétaire de mairie ventripotent, épisode qui marqua symboliquement son rétour à la vie, trois images de destruction amorçant une renaissance et vous voilà parti (S.C.C. pag. 25).

 

Sur la Scène comme au ciel riesuma e replica molti episodi e parti del romanzo Pour vos cadeaux, così da apparirne una palinodia e rinvenzione creativa7. Inoltre questa "machine à remonter" include anche lettere ricevute o scritte8 da Marie-Annick o articoli di giornale.

Nel romanzo ci sono vari tipi di narrazione: alla terza persona singolare, utilizzata per descrivere certi avvenimenti omessi nei primi quattro romanzi, si alternano il "je" della madre, oltre al "je" del narratore omodiegetico.

La novità maggiore è la confutazione dei fatti narrati dai personaggi, che « discutent entr’eux à travers un jeu de reprises et de renvois à l’écriture de mes premiers quatre romans»(I.P.). Leggiamo ciò che dice Anne al figlio sulla scrittura di Pour vos cadeaux:

 

Je veux croire que sa [ du narrateur, du fils] part d’un bon sentiment, mais m’accorderait-il ce droit de réponse si, ce livre qu'il m'a consacré, il doutait que de mon vivant il eût reçu mon entière approbation ? En quoi il n'était pas besoin d'être devin, ce qui donne cette impression, fausse bien sûr, mais impression tout de même, qu'il attendait pour se lancer que je m'en aille. Et donc gêné de m'avoir mise malgré moi à contribution, d'avoir abusé de mon silence forcé et du coup, craignant d'avoir poussé le bouchon un peu trop loin, m'offrant la possibilité de remettre les pendules à l'heure, de donner ma version des faits, imaginant que je livrerais mes commentaires sur le ton mi-agacé mi-outragé qu'il me prête, me représentant, au ciel, disons, pour aller vite, découvrant avec stupeur la dernière phrase du livre [Pour vos cadeaux], pour mémoire : Ah, je ris, je ris de me voir, et, du tac au tac, poing sur la hanche comme une furie outragée, répliquant